Mon pré-ado, mon ado devient végé…

Beyoncé, Natalie Portman, Ariana Grande, Ellen Page et même Brad Pitt et Mike Tyson … de très nombreuses stars se revendiquent ‘vegan’. Quête de son identité, de son image mais aussi recherche de modes de consommation prenant en compte l’environnement et la santé… Nos préados et ados, sont tentés par de nouveaux régimes alimentaires, notamment ceux faisant la large place aux protéines végétales . Est-ce inquiétant docteur ? 

Cela peut arriver d’un jour à l’autre. Votre (pré)ado vous annonce qu’il veut arrêter de consommer de la viande et du poisson et devenir végétarien, ou aller encore plus loin dans sa démarche et bannir aussi de son alimentation les œufs et tous les produits laitiers avec un régime végétalien. Enfin, il peut aussi décider de changer son mode de vie en devenant vegan, c’est à dire en associant le régime végétarien au rejet total de toute exploitation du monde animal : Plus de vêtements en cuir, ni de laine ou de soie, plus de graisses animales dans les cosmétiques ou de produits testés sur les animaux etc…

Certains adolescents d’aujourd’hui nourrissent une inquiétude grandissante pour l’avenir de la planète. Le succès de Greta Thunberg en est l’illustration. Conscients de l’impact écologique de l’élevage, mais également de la surexploitation des océans, nombre d’entre eux choisissent de consommer moins ou de renoncer à la viande.

D’autres considérations peuvent rentrer aussi en jeu. Dans certaines études sur les motivations à devenir vegan, la question de la santé et de la perte de poids arrivent en tête, car une alimentation exclusivement végétale tend à être hypocalorique et aide à éliminer les kilos en trop.

Végétarien oui, vegan c’est plus risqué

« Docteur est-ce qu’il met en jeu sa santé ? » Paradoxalement, alors que nos jeunes choisissent de renoncer aux produits animaux pour le bien-être animal, l’environnement mais aussi leur santé, leurs parents redoutent de leur côté que surviennent des carences qui leur seraient néfastes.

Si l’adolescent opte seulement pour le végétarisme et continue de consommer des produits ovo-lactés, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter car on peut avoir une alimentation parfaitement équilibrée sans viande ni poisson. Le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste, conseille néanmoins d’être vigilant sur la vitamine B12, une vitamine essentielle au fonctionnement nerveux car elle n’est présente que dans les produits animaux.

Chez la jeune fille, il faut également surveiller les apports en fer. L’anémie ferriprive est fréquente même chez les omnivores, et plus encore chez les végétariens. Comme le fer présent dans les végétaux est 5 fois moins biodisponible que celui de la viande, le risque de déficience existe. « Je préconise un suivi médical pour vérifier que les apports sont suffisants et pour supplémenter au besoin. » On peut également observer une déplétion en zinc. Rien de grave, mais à surveiller.

Si l’ado décide de devenir vegan, là les choses se compliquent. Tout d’abord au niveau des apports protéiques. En dehors du soja, du quinoa et des algues, seuls les produits animaux contiennent la totalité des 9 acides aminés essentiels.

Du côté des vitamines et minéraux, des déficiences et même des carences peuvent apparaître. Bien sûr la vitamine B12, comme pour les végétariens. Mais également le fer, le zinc, l’iode, les oméga 3 (DHA et EPA) et, dans une moindre mesure, le calcium. Une alimentation exclusivement végétale n’est pas capable d’apporter tous ces nutriments en quantité suffisante. Or, non seulement nous avons tous besoin de ces micronutriments mais l’adolescent dont le corps est en pleine transformation doit en consommer beaucoup plus qu’un adulte !

« Quand je reçois les parents, je commence par les rassurer, car avec un bon suivi médical et une complémentation bien choisie, un ado peut devenir vegan, mais cela nécessite une très grande vigilance. » précise le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache.

Autre risque moins connu – et néanmoins bien présent – les troubles du comportement alimentaire. « Notre société est centrée sur l’image et sur la performance. » constate le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache. Les études montrent un lien entre cette volonté de contrôle de l’image et les troubles du comportement alimentaire. Le véganisme renforce le risque, à la fois parce qu’il induit un contrôle minutieux de l’alimentation, propice aux dérives, mais également pour des raisons physiologiques. La déficience en zinc s’accompagnerait de pertes du goût qui favorisent la survenue d’une anorexie, par exemple

Le soja, un aliment adapté pour les végétariens et les végétaliens

Lorsque l’on réduit ou que l’on exclut les protéines animales de son alimentation, il faut avoir des apports protéiques suffisants et surtout veiller à consommer les 9 acides aminés essentiels. Séparément, les céréales et les légumes ne contiennent pas ces 9 acides aminés. Une solution consiste à les associer. Par exemple du riz et des lentilles ou encore du blé et des pois chiches.

Le soja est la seule légumineuse capable de fournir la totalité de ces acides aminés. « Le soja apporte des protéines de même qualité que les protéines animales… mais sans les acides gras saturés et le cholestérol », résume le Dr Chicheportiche-Ayache.

Cette légumineuse est également une source intéressante d’oméga 3. Dans une alimentation omnivore, ces oméga 3 sont principalement amenés par les poissons gras. Chez un vegan, il faudra les trouver dans les oléagineux (noix, noisettes…) l’huile de lin et de chanvre, et bien sûr le soja. Certaines préparations à base de soja comme le tofu sont également assez riches en fer et en zinc, deux minéraux qui, dans l’alimentation des végétariens – et plus encore des végétaliens – peuvent être insuffisant sans les produits au soja. De plus, de très nombreux aliments au soja, notamment les boissons, sont enrichis en calcium, essentiel lorsqu’on ne consomme pas de produits laitiers,

« Je recommande d’utiliser le soja comme une des sources possibles de protéines végétales en préconisant en moyenne un produit riche en soja par jour » conclut le Dr Chicheportiche-Ayache.